C’est assez « marrant » de comparer les diverses réactions des gens face à l’annonce de ma transsexualité. Il y a ceux qui savent à peine de quoi il s’agit et qui pensent direct « qu’il faut s’accepter tel qu’on est ». Il y a ceux qui ne pensaient même pas que ca existait « un truc comme ca », à qui il faut expliquer pendant des heures pour avoir une réponse du genre « ah mais t’es pas vraiment lesbienne alors ? ». Il y a ceux à qui j’ai l’impression d’annoncer que j’vais me teindre en blond. Peut etre que dans le fond ca part d’une bonne intention, qu’ils veulent montrer que ca ne les choque pas. Mais on zappe l’essentiel. Puis c’est peut etre égoiste, mais en annoncant un truc qui me ronge depuis 20 ans, j’attend quand même un peu de réaction. Il y a ceux à qui il faut demander explicitement de me parler au masculin, et je dois souvent les reprendre parce qu’ils ne sont pas vraiment motivé pour faire un effort. Il y a ceux qui spontanément à se demandent si ils n’ont rien fait dans le passé qui aurait pu me blesser, qui pensent de suite qu’il faudrait surement m’appeler autrement afin que j’me sente bien, qui veulent des details sur mon futur parcours. Bref, qui montrent qu’ils seront la pour moi. Il y a ceux qui me connaissent depuis longtemps. Ils se retrouvent à peine étonné, car même si ils n’avaient pas envisagé cette chose avant, une fois révélée, elle explique beaucoup de mon attitude dans le passé. Il y a ceux qui sont heureux que j’me livre enfin car ils me découvrent pour la première fois alors que certains me connaissent depuis plus de 10 ans.

Je crois que c’est le genre de révélation qui permet de savoir pour qui on est vraiment important, sur qui on pourra compter quoiqu’il arrive. Mais ca marche aussi dans l’autre sens. Il y a ceux à qui on l’annonce par « obligation », juste parce qu’ils font parti de notre quotidien et qu’on voudrait qu’ils essayent de changer de regard. Il y a ceux qui font vaguement parti du passé, et à qui on n’a même pas envie de se confier. Puis il y a ceux à qui on l’annonce la boule au ventre, parce qu’on tient enormement à eux et qu’on a peur de les perdre.