Nous voila bientot à J-30. Le décompte commence à s’accélérer dans ma tête. Le budget est bouclé, le voyage organisé, la paperasse est prête. Bref, tout est en théorie ok. Reste plus qu’à finir mon stage

Coté familial, toujours aucune réaction. Pas de question, pas de quand, qui, où, comment… Je sais que c’est pas méchant, qu’ils n’en sont pas capable, mais il est vrai que souvent j’aimerais plus de présence. M’enfin… Je me détache de plus en plus, je fais mon truc, eux le leur. J’essaye de leur laisser le temps. Si eux ne peuvent pas me forcer à aller moins vite, je ne peux pas les forcer à aller plus vite. Alors chacun à son rythme et on verra au bout du chemin.

D’ailleurs j’me pose de plus en pus de question sur ce « bout du chemin ». J’ai du mal à en voir une fin. C’est idylliste et simpliste que de voir une étape finale. C’est surtout renier les choses. Je ne serais jamais un mec au sens biologique du terme, c’est une réalité. Pas moins un mec pour autant. Mais toujours un mec trans. J’avoue qu’en un sens ca me fait flipper. Je sais qu’il y aura toujours des crétins pour qui mon absence de queue fera que je ne ferais jamais parti des hommes. Mais bon, on se construit, on se blinde. J’ai quelque fois du mal à me reconnaitre quand je regarde en arrière, ne serait-ce qu’il y a un an… Enfin bref, je m’éloigne :p Même sans les crétins, on ne peut renier ce qu’on est. Découvrir et accepter toutes les parts de notre identité, c’est un peu ca le défi.

A coté de ca, reste les « amis ». J’me rend compte qu’à un moment j’me suis vraiment mis à fuir un tas de monde. J’devais deja m’accepter moi même, m’imposer un minimum au quotidien, tenter de gérer ce début de transition, et la famille au milieu. J’me sentais pas capable de porter en plus le regard d’autres personnes, et de devoir batailler pour le faire changer. C’est marrant comme les choses changent. Tout ce truc que je voyais limite comme une épreuve infranchissable qui nécessiterait une force immense, ben en fait c’était plutot simple. Le seul truc galère à gérer, ca a été moi :p Ca change tellement les choses que j’en ai du mal à supporter les gens qui me parlent de mon courage et de ma douleur. Pourtant si on est réaliste, j’étais putain de mal et de la douleur j’en voyais partout. Mais maintenant bah… bah j’arrive plus à le voir tout ca !

Pour en revenir aux copains, le truc c’est que j’avais pas envie de devoir taper sur les gens, et j’avais pas non plus envie les voir me considérer toujours au féminin. Autant au niveau du bahut imposer les choses étaient une nécessité, autant les gens qui m’entourent dans le reste de ma vie, ben j’veux que le pas viennent d’eux et pas de moi. Et maintenant que le reste est plus calme, j’ai plus cette envie de fuite, qui j’espere fera que j’pourrais me rerapprocher de gens desquels je me suis éloignés… D’ailleurs le week-end dernier j’ai causé avec deux anciennes copines et c’était assez rigolo ce décallage. Ces gens qui ne m’ont quasi pas vu durant cette dernière année font pas mal de boulettes dans les accords. C’est pas un reproche, je sais que c’est l’habitude et tout, puis j’me fiche d’une erreur qui arrive au milieu d’une conversation quand on parle plus vite qu’on ne pense, ce qui compte c’est le reste. Mais voilà, limite j’en avais oublié que j’ai un jour était « elle » pour le reste du monde.