On m’avait plus ou moins invité samedi à une réunion dans une asso sur Nimes. J’ai trouvé dessuite que c’était une super idée. Ca me fera du bien de refaire un pas vers le monde extérieur. En meme temps, je suis un peu inquiet. Je sais pas trop de quoi il s’agit, je ne sais pas trop qui il y aura… Et rencontrer pleins de monde d’un coup ca m’effraie un peu (voire beaucoup) vu ma timidité maladive.

Y’a quelque chose qui me fait un peu peur dans le fait de rencontrer « d’autres » trans… Difficile à expliquer. Je pense que mon caractère solitaire joue beaucoup, et que dans le fond, le principe de l’asso et de la réunion est un peu contre nature pour moi.

Puis comment dire… J’admire profondément tous ceux et celles qui s’investissent dans une cause et en particulier dans celle la. Ceux qui osent dire haut et fort ce qu’ils sont, ceux qui tentent de faire diffuser l’information, ceux qui se bougent pour faire changer les choses. Mais en même temps, y’a une partie de cette « communauté » qui m’enerve. Le coté trans et fier de l’etre ca me saoule. C’est pas en appellant limite à la révolution qu’on changera le regard des gens sur la transsexualité dans le bon sens.

Je sais que j’ai tord d’agir comme je le fais, et d’etre toujours très honteux de ce que je suis (ca s’arrange petit à petit mais bon… faudra du temps vu la couche de honte…) mais j’arrive pas à concevoir qu’on puisse être fier d’etre trans, qu’on puisse autant revendiquer cette identité. Je sais que pour certains le genre est une notion bien plus fine que les deux cases distinctes « homme » et « femme » mais ca me depasse quand meme. Je n’arrive pas à me voir comme autre chose qu’une erreur de la nature. Et mon p’tit esprit un peu trop scientifique et terre à terre à tendance à penser que puisque je suis bien formé « biologiquement » parlant, c’est ma tête qui débloque. En clair, je suis un fou…

On m’avait posé cette question. « Est ce que si je pouvais remonter le temps et tout changer, je voudrais aujourd’hui naitre dans le bon corps ? ». La première réponse évidente qui me vient en tête est « OUI !!! ». Mais en y réfléchissant un peu plus… Ce que je suis aujourd’hui je le dois à mon passé. Ce qui a forgé mon caractère ce sont mes douleurs. Ce qui fait que j’ai cette vision du monde et de la vie, c’est en partie mon vécu. Pourtant, tout ce que je veux changer, c’est mon corps, pour l’adapter à ma tête. Donc en suivant ce raisonnement, si j’étais né dans le bon corps, je ne serais pas ce que je suis maintenant. En conclusion : je suis content d’etre né dans un corps féminin ?!?

Assez perturbant comme constat…

Y’a quelques temps de ca, une copine m’a fait la réflexion suivante. Selon elle, je suis limite « le mec parfait ». Etant donné que j’ai un caractère de mec, et qu’en même temps, je sais ce que c’est que d’etre une femme… Je doute enormement de la véracité de cette remarque lol mais j’ai trouvé que c’était une manière de voir les choses qui me plaisait bien.

Bref, je m’égare. Revenons à nos moutons. J’ai finalement pris mon courage à deux mains, tournés dans Nimes pendant un bon moment, perdu au milieu des sens uniques pour trouver la bonne rue, et j’me suis retrouvé devant le local de l’asso. Quasi personne à l’intérieur, deux filles qui discutent à l’entrée. J’aurais p’tre du aller les voir… mais j’aurais pas su quoi demander. Je crois que dans ce genre de moment où ma timidité maladive me laisse comme ca, il faudrait presque venir me prendre par la main pour me faire bouger. J’ai fais demi tour comme un con, et sur le chemin je l’ai appelé pour qu’elle me remotive. J’aurais aimé qu’elle soit là… ca fait moins peur à deux de faire un pas vers le « monde extérieur ». J’ai fini par envoyer un message à la personne qui m’avait filé l’info pour la réunion, mais pas de réponse. Bizarement, j’en suis presque soulagé. Decu de moi même, mais soulagé de ne pas avoir eut à me mettre un coup de pied au fesse pour avancer.

Quand j’ai recu sa réponse, j’étais deja chez moi. Un gout amer dans la bouche, mais c’est pas bien grave. Ce sera pour une autre fois.