Victime mais coupable
Par Mike, le 27 novembre 2006 à 21:05

Ca fait maintenant trééés longtemps que je vis avec ce sentiment de culpabilité. Je sais bien que je n’ai rien fait, que j’ai rien demandé, que c’est meme moi qui en souffre le plus. Mais ils n’ont rien fait non plus pour avoir tout ca. On me dit quelque fois, que si il doit y avoir un coupable c’est eux puisque ce sont eux qui m’ont mis au monde… Moué… Le probléme est qu’il n’y a pas de coupable. Il ne reste donc que moi a flageller puisque je ne peux en vouloir a personne d’autre.

« Oui peut-etre que tu tues leur fille mais tu ne la tuerais pas autant si ils n’avaient pas fait tout un tas de projection dessus… » dixit Radis.

Cette phrase la, je la trouve tellement pleine de vérité. Je ne veux jeter la pierre a personne, mais oui. Ils ne sont peut-etre pas responsable, mais ils n’ont pas voulu voir. Et ils ont voulu croire et rever. Maintenant que la vérité ne peut plus etre cachée, c’est tout qui s’écroule autour d’eux… Je crois pourtant que ma mére avait compris. Mon pére a l’air beaucoup plus surpris. Je crois vraiment qu’il s’est voilé la face inconsiement. Mais elle, elle le savait.

Je repensais a un tas de details de mon enfance. Mes haines des robes, mes crises dés qu’on m’en mettait pour l’échanger contre un short. Ces cheveux que je voulais court et qu’ils m’obligeaient a avoir long… Et sinon j’avais droit a des p’tites touches discretes de ma mére pour afficher ma féminité, comme quelques méches réparties de facon les plus anti-masculines qui soit, ou les boucles d’oreilles. C’est marrant cette obsession que peuvent avoir les gens (et les parents) pour la « normalité ».

Je me souviens de ces vieilles peaux qui commentaient mes achats de jouets « pas normaux pour une fille ». Ca me gavait tellement que j’envoyais ma soeur les chercher pour moi. Je me rappelle aussi des journées avec mon insigne du FBI et mon revolver caché sous mes vetements pour que personne ne trouve ca bizarre. Ces p’tits trucs me faisaient me sentir bien, et je savais que c’était « pas normal ». Les crises vestimentaires et capilaires n’ont jamais faibli. A elles, est venu s’ajouter les problémes plus esthétiques. Quelle joie les scéances d’épilation de force sur la table de la cuisine. Mais une fille, ca « doit » etre épilé parait il.

Je sais que si mes parents lisaient ca, ils diraient que j’exagére. C’est sur que dit comme ca, ca donne peut etre un truc plus fort que ca ne l’était. Pourtant faut dire ce qui est, ils ne m’ont foutu la paix par rapport a mon look que le jour ou je leur ai annoncé ma transsexualité.

C’est marrant comme la pression familiale et parentale s’exerce. On comprend vite ce qui est bien ou mal. Ce qui est normal pour une fille et ce qui ne l’est pas. J’ai jamais pu dire la vérité, mais j’ai jamais pu me mentir. Plus on me laissait pousser les cheveux, et moins je les coiffais. Plus on m’expliquait que j’dois pas marcher les mains dans les poches, et plus je le faisais. Plus on me demandait de me tenir droit en serrant les jambes, plus je faisais attention a m’assoir de facon bien masculine. Je savais que ca devait rester secret, mais je pouvais pas faire semblant. Entre la volonté des autres, et mon bien etre, des années de tiraillement.

Je voulais ressembler a un mec le plus que possible, et je voulais qu’on me foute la paix. J’en avais marre de mes parents qui corrigaient les serveurs, et d’eux qui passaient le reste du repas a s’excuser. Je voulais etre transparent. Etre le garcon que je voulais, et qu’on me prenne pour la fille qu’ils voulaient que je sois l’histoire qu’on me lache les baskets. Au final, j’ai choisi de jouer les pouilleux plus qu’autre chose lol Si je ne pouvais pas essayer d’etre « beau », je refusais d’essayer d’etre « belle ». Maintenant, j’ai limite du mal a me laisser aller. Les premieres fois sont dures, puis je tente de rattrapper le temps perdu. A moi les chemises dont j’ai du tant me priver dans le passé !

Bref, je m’éloigne du sujet. J’ai beau me dire qu’ils en ont rajouté, essayer de leur en vouloir… J’y arrive pas. J’espere qu’avec le temps, ils verront que je suis mieux, et ils ne souffriront plus. Je pourrais peut-etre trouver la paix… J’espere qu’ils comprendront que je n’ai pas le choix, que je veux juste faire ma vie comme ils ont pu faire la leur, que je ne veux pas perdre des années de plus en prenant mon temps, que je suis sur de moi, et que s’ils ont peur, j’ai peur moi aussi, et j’voudrais qu’ils croient en moi juste un peu…

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