Il est difficile de différencier les choses quand on a la tête dedans, de comprendre ce qui est cause, ce qui est conséquence, ce qui n’a rien à voir, ce qui fait vraiment mal, ce qui n’est que superficiel… Contrairement à certains, j’ai jamais douté. J’ai toujours su ce que j’étais. Je croyais juste qu’il n’y avait pas d’espoir, pas d’avenir.

Il y avait un réel malaise que je cernais mal. Et de toute facon, si j’avais réussi à le cerner, je crois qu’il aurait impossible de survivre. Je ne detestais pas mon prénom, mais il y avait un problème. Lorsqu’il fallait rendre un devoir, présenter une soutenance ou autre, et que ce nom se retrouvait en gros plan sur un écran géant derrière moi, je ressentais juste l’envie de fuir. Et c’est comme si d’un coup je devenais « libre ». Libre de marquer « Mickael ». Je peux enfin serrer la main aux gars, et faire la bise au fille. Dire que pendant des années j’ai prétexté détester ca… Je détestais être « elle ». Aujourd’hui, je suis un mec qui fait la bise à une fille, et ce geste anodin n’est enfin plus une corvée.

Je pourrais faire une liste sans fin de tous ces détails qui me libèrent. Ca doit paraitre con pour la plupart, mais tout ces putains de trucs m’empechaient de vivre, et j’me rend vraiment compte du poids que je n’ai plus à porter. Y’a pas de mots pour décrire à quel point tout ca est magique, à quel point tout s’éclaire… J’ai jamais été fille. A vrai dire, j’ai la sensation de ne jamais avoir existé « socialement ». Juste un fantome. Un(e) « Blat » qui errait dans l’ombre.

Aujourd’hui, je prends vie pour la première fois… J’ai repris les cours, trouvé du taf, envie de bouger, de voir du monde, et putain que c’est bon !

La semaine prochaine, c’est les vacances et j’dois aller voir mes parents. Un mois que j’ai pas entendu un seul « elle », ou un seul « Amélie ». Mais j’espere surtout qu’ils verront tout ces « bons » changements…